Lorsque l'on examine les rares sondages qui mentionnent un duel François Bayrou-Nicolas Sarkozy, on constate que le candidat centriste remporterait haut la main (près de 54% des intentions de vote)les élections présidentielles face au candidat de l'UMP.
Il est exact que François Bayrou a percé dans l'opinion et dans les sondages, passant en quelques mois de 6% à 24% d'intentions de vote, en attirant notamment de nombreux électeurs de gauche modérés qui ne se reconnaissent pas en Ségolène Royal mais aussi des électeurs de droite qui refusent de voter pour Nicolas Sarkozy.
Il est exact que, par son positionnement prétendument anti système, alors qu'il a fait partie du système, le candidat de l'UDF obtient des soutiens de nombreux français qui refusent de voter pour les autres candidats.
Il est exact que sa stratégie de faire un gouvernement d'union nationale, avec des personnalités de droite et de gauche, pourrait plaire à certains français.
Cependant, si on examine plus attentivement les données de cette campagne présidentielle, il n'est pas sur du tout que François Bayrou devienne Président de la République.
En effet, tout d'abord, Nicolas Sarkozy est un très fin stratège et bénéficie d'un socle d'électeurs importants qui ayant voté pour lui au premier, voteront pour le candidat de l'UMP au second tour des élections présidentielles.
D'autre part, Nicolas Sarkozy bénéficiera d'une partie non négligeable des électeurs de Jean-Marie Le Pen et de Philippe de Villiers qui voteront pour lui au second tour des élections présidentielles.
En faisant appel aux maires pour parrainer Jean-Marie Le Pen et en annonçant la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, Nicolas Sarkozy assure un bon report des voix des électeurs du Front National et du Mouvement Pour la France.
De même, le soutien de Simone Veil et le prochain soutien de Jean-Louis Borloo, même si ce dernier a pour le moment démenti, lui permettra d'avoir des voix d'électeurs de droite modérée qui auraient pu être un temps attirés par François Bayrou.
Quant au candidat de l'UDF qui a fait une percée auprès de l'opinion publique, grâce à son positionement, il lui sera plus difficile de convaincre une majorité de français.
En effet, son programme est flou, incohérent et va vers l'immobilisme.
De plus, son positionnement et sa stratégie de faire un gouvernement d'union nationale va entraîner un blocage des institutions. Les exemples allemands et italiens le montrent.
Comme le précise Nicolas Sarkozy, il existe un risque important de se retrouver, avec l'instauration d'un système d'élections à la proportionnelle intégrale, à un blocage total et à un régime de type 4ème République où une poignée de députés centristes faisait la pluie et le beau temps dans les désignations des gouvernements.
De plus, ni le Parti Socialiste, ni l'UMP ne souhaitent participer à un gouvernement d'union nationale et les candidats de ces deux partis, qui sont majoritaires à la chambre des députés, ne voudront être élus sous l'étiquette Majorité Présidentielle François Bayrou.
Enfin, il semble que François Bayrou ne pourra pas bénéficier des mêmes réserves de voix que Nicolas Sarkozy.
Certes, le candidat de l'UDF pourra recueillir quelques pourcentages de voix de Ségolène Royal.
Mais l'annonce de Dominique Strauss-Kahn de refuser d'être le premier ministre de François Bayrou l'empêchera de recueillir une majorité des voix des électeurs qui ont soutenu la candidate socialiste.
De ce fait, une grande majorité de ces électeurs, qui seront totalement désemparés, préféront plutôt s'abstenir que de voter pour François Bayrou, qu'ils considèrent comme étant un homme de droite.
De même, les candidats de la gauche anti libérale (José Bové, Olivier Besancenot, Arlette Laguillier, Marie-George Buffet) refuseront d'appeler leurs électeurs voter pour François Bayrou.
Quant aux électeurs du Front National, il est fort improbable qu'ils votent en majorité pour le candidat centriste qui ne pourra pas bénéficier d'un bon report de voix.
Même si la situation d'un second tour Nicolas Sarkozy-Ségolène Royal apparaît plus favorable pour le candidat de l'UMP, il n'est pas sur du tout qu'il perde face à François Bayrou qui s'est enfermé dans une sratégie d'enfermement et de blocage et qui ne bénéficiera pas d'excellents bons reports de voix au second tour pour lui permettre d'espérer de gagner l'élection présidentielle.
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