Nicolas Sarkozy propose de découpler dépenses de santé et assurance-maladie et plaide pour un durcissement de la lutte contre les abus, les fraudes et les gaspillages, dans des interviews à deux journaux spécialisés.
"Le premier changement radical que j'entreprendrai, c'est d'arrêter de faire l'amalgame entre la politique de santé et la politique de l'Assurance-maladie", déclare le candidat UMP à l'élection présidentielle dans Le Généraliste.
"Je suis opposé à une maîtrise budgétaire et comptable qui se donnerait pour objectif de réduire les dépenses de santé", ajoute le ministre de l'Intérieur, pour qui l'augmentation de ces dépenses n'est défavorable ni à l'emploi ni à la croissance mais est au contraire un "facteur d'innovation".
"Cessons de regarder l'augmentation des dépenses de santé comme un drame ! Essayons d'en faire une chance", insiste-t-il.
Il rappelle en revanche que les abus, fraudes et gaspillages représentent 5% à 10% des dépenses de santé et propose de jouer sur ce levier pour équilibrer l'Assurance-maladie. "Soyons donc intraitables avec les abus, les fraudes et les gaspillages et nous verrons différemment le problème du déficit", dit-il.
Dans le Quotidien du Médecin à paraître vendredi, il propose ainsi la création d'une "véritable carte de crédit santé assortie de tous les dispositifs de sécurité nécessaires" pour mettre fin à l'utilisation frauduleuse de 250.000 Cartes Vitale
Jamais avare de critiques pour les socialistes, il fait une exception et salue dans la couverture maladie universelle créée par le gouvernement de Lionel Jospin une "réforme importante".
Il juge cependant anormal que les malades relevant de la CMU "aient une consommation de soins nettement supérieure en moyenne à celle des autres assurés sociaux" et confirme sa volonté de créer une "franchise" pour "responsabiliser" les patients.
Elle serait "de quelques centimes d'euros à quelques euros", pour chaque acte, chaque consultation ou chaque examen, selon leur nature, précise-t-il au Quotidien du Médecin.
Le montant cumulé annuel de cette franchise sera plafonné "pour ne pas peser sur les plus malades", ajoute-t-il.
Ce plafond "d'un montant raisonnable" pourra être général ou fixé selon les types d'actes - "c'est à débattre" - dit-il dans Le Généraliste. Au-delà, les remboursements seront effectués "normalement, à 100%".
Le candidat de l'UMP prévoit des exonérations de franchises limitées aux enfants et aux bénéficiaires du minimum vieillesse.
"Pour les autres catégories de personnes, nous verrons en fonction de l'équité et des objectifs poursuivis par cette réforme", ajoute Nicolas Sarkozy.
Il réitère aussi sa promesse d'améliorer "considérablement" le remboursement des frais dentaires et optiques et de renforcer les aides à l'acquisition d'une assurance complémentaire.
Il se prononce en revanche pour une hausse du tarif de la consultation médicale, voulue par des syndicats de généralistes.
"Non seulement je suis favorable à la revalorisation de la consultation chez le généraliste à 23 euros mais je veux qu'elle intervienne au plus vite", explique le candidat.
"La réforme de 2004 a confié au généraliste le rôle de première ligne dans le parcours de soins et elle a reconnu la médecine générale comme une spécialité à part entière. Il est parfaitement légitime que la rémunération des généralistes en tienne compte", ajoute-t-il dans le Quotidien du Médecin.
"Je suis clairement favorable à ce que la rémunération de leurs actes soient enfin alignée sur celle des spécialistes", renchérit Nicolas Sarkozy dans Le Généraliste.
De façon générale, il promet d'"ouvrir de nouveaux espaces de liberté tarifaire aux médecins" avec, en contrepartie, une "actualisation et une évaluation régulières des compétences et des pratiques".
Enfin, il propose de "réfléchir" à des bourses pour les étudiants en médecine, en contrepartie de leur engagement à exercer pendant quelques années dans une région donnée, pour remédier au déficit de médecins en zones rurales.
Dans le même ordre d'idée, il propose d'"optimiser la carte hospitalière" afin d'éviter la fermeture d'hôpitaux locaux en demandant à ceux-ci d'assurer les "soins de suite" ou la permanence des soins.
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