Nicolas Sarkozy a proposé mercredi des "changements" dans la diplomatie française tout en s'inscrivant dans la continuité de Jacques Chirac lors d'une conférence de presse entièrement consacrée à la politique internationale.
Nucléaire iranien, Europe, relations avec les Etats-Unis: pendant 1h45, le candidat UMP n'a éludé aucun sujet lors de ce rendez-vous avec quelque 250 journalistes de médias français et étrangers réunis dans un hôtel parisien.
Loin de ses critiques de l'automne dernier contre "l'arrogance" de la diplomatie française et de ses appels à la "rupture", M. Sarkozy a salué d'emblée l'action "à bien des aspects exemplaire" conduite depuis 12 ans par Jacques Chirac, louant notamment la "lucidité" du président sortant dans la crise irakienne. Devant Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes et porte-parole pendant neuf ans du chef de l'Etat, il a affirmé qu'il n'était pas question de faire "table rase".
Ce préalable posé, le candidat UMP a proposé plusieurs changements importants dans la diplomatie française. M. Sarkozy souhaite d'abord en finir avec la tradition du "domaine réservé". "La politique étrangère de la France ne peut plus se concevoir dans le seul secret des chancelleries et des cabinets", a lancé le candidat, qui a répété à plusieurs reprises son souhait d'un "débat" sur ces questions. Ainsi, "le président de la République doit s'expliquer devant le Parlement et devant la Nation sur les choix qu'il prend".
Dans une autre critique en creux des années Chirac, le candidat UMP a plaidé pour une "approche plus doctrinale". "Notre politique étrangère doit être guidée par des valeurs réaffirmées, et par des objectifs clairs et hiérarchisés", a-t-il dit.
Dans cet esprit, M. Sarkozy a expliqué que sa première priorité s'il est élu serait de débloquer le fonctionnement de l'Union européenne deux ans après les "non" français et néerlandais à la Constitution. Il a précisé le contenu du "traité simplifié" qu'il entend négocier et faire ratifier par les Parlements des Vingt-Sept avant les élections européennes de 2009.
Sur le dossier européen du moment, la crise chez Airbus, le candidat UMP, partisan d'un "axe franco-allemand aussi fort, mais moins exclusif", a estimé que les problèmes de l'avionneur européen résidaient dans un "manque d'actionnariat industriel", et promis des décisions sur ce plan après la présidentielle.
Au delà de cette "urgence", le premier objectif du président Sarkozy serait "d'assurer la sécurité et l'indépendance" de la France et de ses alliés. Il s'est inscrit dans la continuité de la conception gaullienne de Jacques Chirac, notamment sur la question sensible des relations avec les Etats-Unis. "Je veux une France libre et une Europe libre", a-t-il lancé, désireux de faire oublier sa photo controversée avec George W. Bush.
Dans la même continuité, il a rappelé que la dissuasion nucléaire restait "un impératif absolu", promis de consacrer au minimum 2% du PIB à la défense et prôné un renforcement de la défense européenne au sein d'une OTAN qui "n'a pas vocation à devenir une organisation concurrente de l'ONU".
Le candidat UMP ne s'est pas démarqué de la position française sur l'Iran, disant croire à l'efficacité des sanctions internationales contre Téhéran.
Critiquant la position "irresponsable" de son adversaire socialiste Ségolène Royal, qui souhaite interdire à l'Iran le nucléaire civil, il a souhaité que les pays du Sud, et notamment l'Algérie, accèdent à cette énergie. Il a proposé la création d'une "banque mondiale du combustible nucléaire" pour "garantir aux pays émergents l'accès aux bienfaits de l'énergie atomique sans risque de détournement militaire".
Le deuxième objectif du candidat Sarkozy, "promouvoir les libertés et les droits de l'Homme sur la scène internationale", est davantage une rupture. Alors que Jacques Chirac a été critiqué pour sa discrétion sur la question dans ses relations avec la Chine ou la Russie, il a jugé que la France "ne peut pas se taire" face à la situation en Tchétchénie ou au Darfour et fustigé la "realpolitik", selon lui synonyme "d'immobilisme" et de "renoncement".
Le candidat UMP entend enfin promouvoir davantage les intérêts économiques et commerciaux de la France. "Notre politique doit aider nos entreprises, particulièrement nos PME, à conquérir de nouveaux marchés", a-t-il dit, s'inscrivant là encore dans la continuité de Jacques Chirac, VRP des entreprises hexagonales dans tous ses voyages à l'étranger.
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