Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a souhaité samedi inscrire dans le Code pénal une aggravation des peines encourues par les agresseurs d'enseignants et de chefs d'établissement scolaire, une proposition accueillie sans enthousiasme par les syndicats.Le candidat UMP à la présidentielle rencontrait les deux institutrices agressées lundi par deux jeunes à Châlons-en-Champagne (Marne).
A la fin de la récréation, à l'école primaire du Verbeau, les deux jeunes avaient roué de coups l'une des deux institutrices, à laquelle ils reprochaient d'avoir tancé le petit frère de l'un d'eux. L'autre avait été frappée en s'interposant.
En comparution immédiate, les agresseurs de 23 et 18 ans avaient été condamnés à sept mois de prison ferme pour l'un et six mois dont cinq avec sursis pour l'autre, des peines "de voleurs de pommes", avait dénoncé un avocat des enseignantes.
Depuis, le parquet a fait appel, mais les deux femmes ont dit samedi au ministre "leur incompréhension face à des sanctions qu'elles estiment trop faibles", d'autant qu'un des agresseurs est multirécidiviste, selon le ministère.
Nicolas Sarkozy leur a donc réitéré sa "ferme volonté" d'imposer des peines minimales aux récidivistes, un de ses chevaux de bataille, mais il leur a aussi dit souhaiter que "la protection de la loi pénale soit la même pour les chefs d'établissement et les enseignants que pour les magistrats, policiers, gendarmes et pompiers".
"C'est une annonce quelque peu démagogique. Cela ne résoudra strictement rien", a déclaré à l'AFP le secrétaire général du Syndicat général de l'Education nationale (Sgen-CFDT), Jean-Luc Villeneuve, soulignant que ce type de violence "reste très marginal".
Pour lui, "il vaut mieux travailler en amont, avec une vraie politique de prévention" et "s'interroger sur le pourquoi de la violence plutôt que de faire une annonce tapageuse".
Le secrétaire général du Snes-FSU, principal syndicat des collèges-lycées, Bernard Boisseau, ne pense pas non plus que "ce type d'annonce spectaculaire (...) permettra d'améliorer la situation".
"On n'est pas demandeur. On souhaite que l'administration soit claire et que, dès qu'il y a un incident, s'il y a nécessité de saisir la police et la justice, elle le fasse, ce qui n'est pas encore toujours le cas...", a-t-il expliqué.
Nicolas Sarkozy souhaite inscrire les enseignants dans l'article 222-12 du Code pénal qui prévoit des peines plus lourdes pour les auteurs de violences ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de huit jours, commises notamment sur un mineur de quinze ans, un avocat, magistrat, gendarme, douanier ou pompier... Elles sont de 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende, au lieu de trois ans et 45.000 euros dans les autres cas.
Mais, en fait, cet article prévoit déjà des peines aggravées lorsque ces violences sont commises "à l'intérieur des établissements scolaires ou éducatifs" ou encore contre une personne "chargée d'une mission de service public".
Un recensement publié le mois dernier par l'Education nationale relève une hausse des violences à l'encontre des enseignants en 2005-2006 : +7% par rapport à 2004-2005. Mais il s'agit d'abord d'injures et de menaces, dans sept incidents sur dix.
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