Face au Parti socialiste qui s'efforce de réhabiliter le clivage gauche-droite, Nicolas Sarkozy prône désormais une "ouverture" politique qu'il promet de mettre en oeuvre, s'il est élu, après l'élection présidentielle.
"La victoire me crée l'obligation d'ouverture", a déclaré mardi aux journalistes le candidat de l'UMP dans le train qui le menait au Creusot, où il allait visiter une usine d'Alstom.
"Je veux être le président de l'ouverture politique", avait-il dit lundi soir sur TF1 le candidat de l'UMP lors de la première édition de l'émission "J'ai une question à vous poser".
"Je veux gagner sur mon projet et sur mes idées mais je sais bien qu'on ne gouverne pas seul, qu'il faut une équipe, et je sais que les gens bien ne se trouvent pas dans son seul camp, dans sa seule famille", avait-il poursuivi.
"Je ne suis pas l'homme d'un clan, je ne suis pas l'homme d'une famille politique. Je veux m'adresser à tous les Français sans exception et je pratiquerai l'ouverture."
Nicolas Sarkozy a précisé qu'il s'expliquerait "en détail" sur sa conception de l'ouverture dimanche lors de la réunion des responsables de ses comités de soutien à la Mutualité à Paris.
Le ministre de l'Intérieur et président de l'UMP se rapproche ainsi de la position de François Bayrou sur un créneau qui a permis au président de l'UDF une percée dans les sondages.
Avec 13% d'intentions de vote au premier tour dans la dernière enquête LH2, le dirigeant centriste reste loin derrière Nicolas Sarkozy (33%) mais devance le président du Front national Jean-Marie Le Pen.
François Bayrou affirme depuis des mois vouloir dépasser l'opposition entre la gauche et la droite et prône la formation d'un gouvernement d'union nationale, une position qui semble lui valoir des ralliements tant de la droite que de la gauche.
Nicolas Sarkozy ne va pas aussi loin et dit refuser pour le moment d'envisager une "distribution" des postes. Il note également que les contextes français et allemand ne sont pas totalement semblables.
"Le rassemblement allemand est un rassemblement contraint puisque personne n'avait gagné des élections. Le rassemblement que je souhaite est un rassemblement voulu et assumé", a-t-il souligné mardi.
Prié de dire s'il pourrait nommer le populaire ministre de l'Emploi Jean-Louis Borloo au poste de Premier ministre, s'il est élu, il a répondu : "Jean-Louis Borloo est un garçon qui a beaucoup de talent mais (...) donner le sentiment de se partager les postes alors que rien n'est fait, très peu pour moi."
L'ouverture concernera-t-elle les hommes ou les idées, lui ont redemandé des journalistes mardi. "Les deux. Je serai assez précis dimanche", s'est-il contenté de répondre.
Jean-Louis Borloo ne s'est pas encore exprimé sur la candidature de Nicolas Sarkozy. Selon son entourage, il le fera fin février ou début mars dans le cadre du Parti radical, formation qu'il co-préside et qui est associée à l'UMP.
"Je ne veux pas mégoter, je ne veux pas de compromis avant" (l'élection), a pour sa part déclaré lundi soir Nicolas Sarkozy. "Mais je pratiquerai l'ouverture après, parce que la France a besoin de l'énergie de tous ses enfants et de tous les talents et il n'y a pas deux équipes de France A."
Dans la Ve République, seul le président socialiste François Mitterrand a envisagé une ouverture politique au-delà de sa famille politique - vers le centre, en l'occurrence - après sa réélection en 1988. Mission dont il avait chargé Michel Rocard, nommé Premier ministre.
Après s'être présenté en candidat de la "rupture", puis de la "rupture tranquille", Nicolas Sarkozy s'était posé la semaine dernière en candidat "hors système", soucieux de rallier les électeurs d'extrême-droite autant que les déçus du socialisme, multipliant les appels du pied à la France des "travailleurs" mais aussi aux enseignants, traditionnellement plutôt acquis à la gauche.
En se présentant en candidat de "l'ouverture politique", le ministre de l'Intérieur, qui a assuré lors de son investiture par l'UMP, le 14 janvier, qu'il avait "changé", semble ainsi vouloir franchir une nouvelle étape dans sa mue de chef de parti en présidentiable.
Une évolution qui laisse sceptique Hervé Morin, l'un des proches de François Bayrou. "Le candidat de l'ouverture, c'est sans doute un costume un peu large pour Nicolas Sarkozy", a estimé sur I-Télé le président du groupe UDF à l'Assemblée nationale.
Commentaires