A deux mois et demi de la présidentielle, Jacques Chirac laisse entendre, pour la première fois, dans une interview à la télévision qu'il ne briguera pas de troisième mandat et qu'il se prépare "à servir la France d'une autre manière" après douze ans à l'Elysée."J'ai toujours essayé d'agir pour les Français. Si je n'ai plus de responsabilités de cette nature et bien, j'essaierai de servir la France d'une autre manière", dit le président de la République dans un entretien à l'émission "Vivement dimanche" animée par Michel Drucker sur France 2 et qui sera diffusée le 11 février.
"Il y a sans aucun doute une vie après la politique. Jusqu'à la mort", a ajouté M. Chirac qui est entré en politique il y a plus de quarante ans.
Interrogé, l'Elysée n'avait pas commenté en fin de matinée ces déclarations du chef de l'Etat citées jeudi par Le Parisien/Aujourd'hui en France.
Jusqu'à présent, il a toujours refusé de dire s'il serait à nouveau candidat à l'élection présidentielle, se contentant de répéter qu'il ferait connaître sa décision "au premier trimestre" de cette année.
Mais, pour l'ensemble de la classe politique comme pour ses proches, cette décision très personnelle ne fait guère de doute: à 74 ans, il ne se lancera pas pour la cinquième fois dans la course à l'Elysée.
C'est aussi l'impression très nette qu'ont eue les rares journalistes qui ont vu l'enregistrement. D'autant que Bernadette Chirac, lors de cette émission qui lui est consacrée, semble, elle aussi, tourner la page: "Oui, cette maison (le palais de l'Elysée, ndlr) me manquera beaucoup, mais je m'adapterai. Il faut bien accepter ce que le destin décide".
Pour de nombreux observateurs, la "fenêtre" pour une annonce de M. Chirac s'ouvre après la réunion en congrès du parlement à Versailles, très probablement le 19 février, conformément aux voeux des parlementaires.
Le Congrès doit adopter trois textes, qui sont autant de promesses du chef de l'Etat, dont un qui lui tient à coeur sur l'inscription dans la Constitution de l'abolition de la peine de mort.
En tout état de cause, il devrait dévoiler ses intentions avant la fin du mois, et sans doute dans la foulée de la réunion du Congrès, alors que la session parlementaire prend fin en principe le 22 février.
Dans son interview, Jacques Chirac parait ne pas être obsédé par son bilan. "Je ne suis pas quelqu'un qui vit dans le culte d'un passé. Je me suis investi totalement dans la mission que je m'étais assignée au service des Français. On peut l'approuver, la critiquer, peu importe", dit-il.
Il a néanmoins tenu à marquer la fin de son mandat par trois grandes réunions internationales sur des sujets propres à rehausser son image: le Liban, l'environnement et l'Afrique.
Peut-être faut-il y voir aussi un avant-goût des futures activités de Jacques Chirac, alors qu'on lui prête notamment l'idée de créer une fondation pour l'environnement ou pour la solidarité avec les pays pauvres.
En reculant le plus longtemps possible son annonce, Jacques Chirac a cherché à ne pas apparaître trop marginalisé en pleine campagne électorale, alors que l'espace politique est accaparé à droite par Nicolas Sarkozy.
Reste la question de savoir s'il apportera son soutien ouvert au candidat de l'UMP et sous quelle forme: du bout des lèvres ou par un engagement déterminé dans la campagne.
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