Nicolas Sarkozy a choisi la Grande-Bretagne et un déjeuner avec Tony Blair pour son premier voyage à l'étranger de candidat à l'élection présidentielle.
Bien qu'en fin de règne et vivement contesté en raison de la participation de la Grande-Bretagne à la guerre d'Irak aux côtés des Etats-Unis, le Premier ministre britannique reste en France une sorte de référence, honnie ou admirée.
L'an dernier, Ségolène Royal, qui n'était encore que candidate à l'investiture socialiste, avait choqué son propre camp en affichant un "blairisme" qu'elle ne renie pas.
Nicolas Sarkozy a pour sa part "la plus haute considération pour Tony Blair, pour son courage, sa capacité à réformer et à rebondir, pour sa vision", selon l'entourage du candidat UMP.
"Je trouve que ce qu'il a fait en Angleterre est assez remarquable, on est assez ami et je veux parler avec lui", explique Nicolas Sarkozy sur son site de campagne.
Selon son entourage, le président de l'UMP devrait évoquer ce mardi avec Tony Blair la situation internationale (Irak, Iran, Proche-Orient, environnement, etc) et les questions européennes.
"La question européenne est au centre de notre campagne. Nous voulons relancer le moteur européen et, dans ce cadre, aller à Londres est essentiel", a souligné lundi Valérie Pécresse, porte-parole de l'UMP.
Le ministre de l'Intérieur propose de faire ratifier par le Parlement français, dès cette année, un traité européen simplifié à la place de la Constitution rejetée le 29 mai 2005 par les Français, et par les Néerlandais.
Après son entretien et son déjeuner avec Tony Blair, Nicolas Sarkozy, qui affirme vouloir réhabiliter la "valeur travail" en France, visitera un centre d'accueil de demandeurs d'emploi - "pour s'informer", précise son entourage.
Il visitera ensuite le musée Churchill et l'endroit d'où le général de Gaulle lança le 18 juin 1940 son appel à continuer la guerre contre l'Allemagne nazie et s'accordera une pause avec l'écrivain français Marc Lévy, installé à Londres.
Il achèvera le soir sa visite par un discours devant plus de 2.000 Français de Londres - un vrai "meeting" de campagne et une "première" affirme le candidat UMP sur son site web.
"J'ai envie de dire à ceux qui pensaient qu'on ne pouvait pas réussir en France, revenez parce qu'on aura besoin de vous, de votre talent, de votre énergie, de votre enthousiasme", explique Nicolas Sarkozy.
Ce déplacement à l'étranger est sans doute moins risqué politiquement que ceux de Ségolène Royal au Proche-Orient ou en Chine. Mais il n'est pas totalement sans risque pour l'image de Nicolas Sarkozy, estime le politologue Dominique Reynié.
"Blair est très fortement identifié à la crise irakienne et l'image d'une Grande-Bretagne communautariste a été montrée en contre-exemple", explique-t-il. "La France n'a pas tout à fait renoncé à sa vieille inimitié avec l'Angleterre et c'est quand même la 'petite Amérique' en Europe. Donc, ça peut réactiver le côté 'Sarkozy l'Américain' ou 'Sarkozy l'anglo-saxon'."
"Il fait une campagne réussie depuis le 14 janvier. Ségolène Royal est en difficulté à cause d'elle-même. Il y a une sorte d'échappée en solitaire de Sarkozy", ajoute-t-il. "Mais là, pour un bénéfice marginal, il court un risque. Parce que, en gros l'Angleterre et Tony Blair, pour les Français, c'est une forme de libéralisme."
Selon son entourage, Nicolas Sarkozy n'entend pas en rester là : il devrait rencontrer prochainement la chancelière allemande Angela Merkel et se rendre en Espagne et en Italie.
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