"On vous protégera": Nicolas Sarkozy a rencontré jeudi à Paris des femmes battues, dont certaines sans papiers, qui lui ont raconté leurs histoires terribles ponctuées de violences et d'abandons, et s'est engagé à leur venir en aide."Je ne veux pas vous mentir: si je deviens président de la République, il n'y aura pas de régularisations massives, assure M. Sarkozy. Mais il faut de la souplesse, tout ne peut pas se résumer à un statut ou une règle. Je m'engage à prendre tous les problèmes ici et à les résoudre".
Elles ont entre 20 et 25 ans, sont marocaines, maliennes, ivoiriennes, chinoises ou polonaises, mais partagent la même souffrance d'avoir été battues, humiliées, violées, parfois par leur père.
Leur chance dans leur malheur: avoir rencontré Mona Chassario, ancienne employée de Rhône-Poulenc qui consacre sa vie à les aider.
En 1993, elle avait obtenu, grâce à l'intervention de l'Abbé Pierre, la location d'une bâtisse du XIIIe arrondissement pour y héberger ses protégées.
Quelques années plus tard, Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly-sur-Seine, lui offre un emplacement sur la Seine pour une péniche, "Les jours heureux", où les jeunes femmes réapprennent doucement à vivre.
Aujourd'hui, c'est le candidat Sarkozy qui a rendu visite à "La Maison", autre foyer d'accueil du XIIIe. Et c'est le ministre de l'Intérieur qui s'est engagé à "faire les choses au mieux" pour les aider.
"Vous avez là le summum de la souffrance", explique Mme Chassario, qui fait bénéficier les femmes du suivi psychologique et social nécessaire à leur reconstruction. A ses côtés, la chanteuse France Gall, marraine d'un des projets de l'association Coeur de femmes.
M. Sarkozy écoute attentivement les récits qui se succèdent. Au début, elles osent à peine parler. Au bout d'une heure et demie, la glace est rompue, les langues se délient. Les histoires sont bouleversantes.
Malika, Marocaine arrivée en France il y a un an pour épouser un Français d'origine marocaine, tremble de tous ses membres. Elle a fui il y a quelques jours à peine son mari qui la battait et redoute d'être reconnue si elle passe à la télévision.
L'angoisse est palpable. Mais quand une jeune Chinoise à qui M. Sarkozy demande "comment êtes-vous arrivée en France?", répond: "en avion", tout le monde éclate de rire.
Une Marocaine, divorcée, ancienne SDF, voudrait trouver du travail pour retrouver la garde de son fils, mais n'a pas de papiers. "On va voir ça", dit M. Sarkozy.
Une autre, française d'origine malienne, à qui sa famille avait "conseillé de se suicider", vient d'épouser un Egyptien sans-papier qui travaille au noir. "On s'aime", dit-elle au ministre, qui s'engage à régler la situation.
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